L’Empire du Graal

10 L'Empire du GraalQuatrième de couv’ :

Oubliez tout ce que vous savez du Graal.

Palais pontifical de Castel Gandolfo. Sur ordre du pape, les cinq cardinaux les plus influents du Vatican prennent connaissance d’un rapport explosif rédigé par Titanium, le leader mondial des algorithmes. Le compte à rebours de l’extinction de l’Église catholique a commencé.

Paris, Hôtel des ventes de Drouot. En remontant une filière de financement du terrorisme, Antoine Marcas, le commissaire franc-maçon, assiste à la mise aux enchères d’un sarcophage du Moyen Âge. Un sarcophage unique au monde, car il contient selon le commissaire-priseur, les restes d’un… vampire.
C’est le début de la plus étrange aventure d’Antoine Marcas.

Une enquête périlleuse qui va le mener, en France et en Angleterre, sur la piste de la relique la plus précieuse de la chrétienté.

Le Graal. Une enquête aux frontières de la raison qui ressuscite Perceval, le roi Arthur et la geste légendaire des chevaliers de la Table ronde.

Avis :

La cuvée Giacometti-Ravenne 2016 s’annonce comme un merveilleux cru. Quel plaisir de retrouver leur héros, Antoine Marcas après sa confrontation avec les Illuminati. Avec ce Graal, les auteurs ont tout changé … ou presque. C’est un secret pour personne, ils ont changé de maison d’édition. Si on ne sait pas tout sur le désaccord éditorial qui a causé leur départ, on sait tout de même que Fleuve Noir voulait un « Illuminati 2 ». Pas de chance pour Fleuve, les auteurs ont été par recrutés JC Lattès. Si le changement de maison ne perturbe pas le lecteur dans sa quête du secret qui va bouleverser l’humanité, c’est un joli coup de pub pour Lattès, qui en plus du duo français, publie un certain américain nommé Dan B.

Quel plaisir de revoir ce cher Antoine ! Un Antoine différent mais au top de sa forme. Dans l’interview pour Radio Libre et de Bonnes Moeurs, j’ai dit que cela me ferait plaisir de retrouver le même personnage que dans « Le rituel de l’ombre« , mais après lecture, si le héros reste fondamentalement le même, il a changé. Il a changé au même titre que les lecteurs qui le suivent depuis tant d’années.

Je vous préviens, je risque de spoiler quelques éléments de l’histoire, alors si vous ne voulez pas savoir ce qu’il se passe, il est encore temps de quitter la page.

5, … 4, … 3, … 2, Il est encore temps de quitter … 1, … 0 !!!
Bon allez on y va !

L’Église est confrontée à son plus grand défi. Un étrange rapport est émis et affirme que chaque seconde, elle perd de nombreux fidèles au profit d’une autre religion et que d’ici 2050, l’Islam sera la première religion du monde. Pour échapper à cette « menace », l’Église a besoin d’un miracle et celui-ci se nomme le Graal. Afficher au monde entier cette relique va lui permettre de générer un grand nombre de fidèles. Bref, les princes de l’Église « font du chiffre » avec les croyants.

Voilà le speech de départ avant de retrouver Antoine Marcas. Le commissaire franc-maçon semble rangé de toutes enquêtes ésotériques. Depuis une dizaine d’années, chaque été, il est confronté à tous les plus grands complots. On pourrait se demander comment les conspirationnistes font pour trouver chaque année le complot qui va bouleverser l’humanité.

Dans cette nouvelle enquête, Antoine Marcas ne fera pas équipe avec une femme … mais avec un homme ! Un écrivain « bankable », Derek Stanton, un pastiche de Dan Brown qui a vendu plusieurs millions d’exemplaires de romans ésotériques. Pourrait-on dire qu’il s’agit du rêve caché des auteurs ? Pas impossible, mais pour cela il faudra continuer à écrire !

Aidé par cet auteur qui vous semblera totalement omnibulé par le Graal et par son ancien professeur d’histoire, Marcas va parcourir Angleterre et la Bretagne pour chercher la coupe du Christ que Chrétien de Troyes a décrit dans son roman : « Perceval ou le conte du Graal ». À partir de là tout s’emballe pour le commissaire franc-maçon. Le jeu de piste vers la quête du Graal prend une tournure exceptionnelle pour Marcas qui sera personnellement touché par un événement que personne n’avait vu venir. Il semble que tous les coups sont permis. De Winchester à Stonehenge en passant par Glastonbury, le flic et l’écrivain suivent un chemin où ils doivent faire preuve de vertus pour accéder à la sainte relique.

La quête du Graal a de quoi faire fantasmer plus d’une personne. Les nombreux pouvoirs que la coupe du Christ a été l’objet de plusieurs adaptations littéraires et cinématographiques (Note personnelle : Il faudra que je termine le cycle cinématographique). De page en page, on se prend au jeu et on sent que le compagnon de Marcas n’est pas droit dans ses bottes. En tout cas, il ne semble pas être le preux chevalier qu’il voudrait paraître. Je me suis même amusé à faire le parallèle avec la série Stargate SG1. Vous allez me dire que vient faire une série SF dans un polar ésotérique ? Si vous n’êtes pas connaisseur, je vais éclairer votre lanterne. Il faut savoir que dans la saison 10 de la série, l’équipe SG1 part en quête du Graal, bien que celui-ci soit un artefact alien mais les héros doivent faire preuve de certaines vertus (prudence, foi, bonté, charité et sagesse) dans différentes épreuves qui leurs sont imposées. Personnellement, je trouve que les auteurs ont mis les vertus en valeur dans leur roman.

Si on est fan de la franchise Marcas, on sait très bien que les auteurs ont quelques fois fait place au merveilleux comme par exemple avec l’immortel Nicolas Flamel dans Le Frère de sang ou Cléa al-Arsoul, la princesse égyptienne dans Lux Tenebrae. Avec ce nouvel opus, le rebondissement final est totalement inattendu. Peut-on parler de la force des rêves ? Nous avons tous fait des rêves qui semblent plus vrai que nature. Ou est-ce une réalité alternative ? Le duo Giacometti-Ravenne passe du polar à la SF ? C’est à chaque lecteur de se faire une opinion sur le sujet. J’ai également développé certaines théories mais attendons de voir si elles s’avèrent correctes.

Les auteurs ont rompu avec les codes des précédentes aventures. L’alternance des chapitres entre les époques contemporaines et les époques historiques est passée à la trappe. Ce changement a de quoi vous faire penser au Rituel de l’ombre et donc quand j’ai affirmé que je souhaitais retrouver cette impression, « mon vœu » a été exaucé d’une certaine façon. Je suis également très étonné du rôle de Marcas. La volonté de ne pas plonger tête baissée vers l’enquête. L’envie d’être à l’écart de tous les événements et vouloir vivre une vie normale de flic, de frère et de père. Bien évidemment, les faits vont le rattraper.

Ce nouvel opus a aussi une touche d’humour que les autres n’ont pas. Les auteurs font preuve d’une forme d’autodérision avec Derek Stanton. L’auteur aux millions d’ouvrages vendus à publier des romans comme « Le Septième alchimiste » ou « Les Templiers du sang ». Il y a également dedans une grande part d’intimité. Du moins c’est ainsi que je le ressens. La relation père-fils est plus forte que dans les autres romans. Intégrer le personnage de Pierre dans l’enquête, le fait passer de personnage secondaire à personnage principal. C’est une grande première et on pourrait même s’amuser à comparer avec le roman de Steve Berry, « Le secret des rois » où les Malone père et fils mènent l’enquête.

Dans les dernières pages, lorsqu’on fait un dernier arrête sur Stanton, les yeux grands ouverts, j’ai eu l’impression de revoir Richard Burton dans le film « La Grande Menace » où celui-ci provoque l’effondrement de la cathédrale de Minster. Bref, une fin ouverte pour une suite et si mes souvenirs sont bons, en 2012, lors de la rencontre à Bruxelles pour la présentation du roman, « Le Temple noir », on parlait déjà du trilogie autour du Graal. Trilogie ou pas, une suite est nécessaire.

En conclusion, j’ai beaucoup aimé ce roman pour les émotions qu’il a provoqué. La quête du Graal ne laisse personne insensible depuis près de mille ans. Le changement de maison d’édition donne un nouvel élan à la franchise.

Biblio :

GIACOMETTI, Eric. RAVENNE, Jacques. L’Empire du Graal. Paris : JC Lattès, 2016. 592 p. ISBN 978-2-7096-5606-1