Le royaume perdu

Quatrième de couv’ :

L’ultime secret des templiers. En 1229, Terre sainte : Alors qu’une mystérieuse secte d’assassins fait régner la terreur, l’empereur mystique Frederic II, l’ordre des teutoniques et les chevaliers templiers s’affrontent pour retrouver le secret des secrets.

De nos jours, Antoine Marcas part en quête du véritable livre d’Hénoch, un manuscrit apocryphe, convoité par des start-up de pointes, prêtes à tout pour s’en emparer.

En quelques mots :

Ça y est, elle est là la chronique du dernier Marcas. La lecture est bouclée et je me penche enfin sur ce que je vais écrire. Sorti en octobre dernier, cette nouvelle aventure du flic franc-maçon le plus célèbre de la littérature était l’occasion de partir à la découverte des … Templiers … Une nouvelle fois, dirons-nous. Après La croix des assassins, Le septième templier et Le Temple noir, Antoine Marcas part de nouveau sur la piste des célèbres des moines-soldats. Alors comment perdurer avec les Templiers quand on a déjà tout dit ?

Point de départ

Après l’expérience virtuelle avec l’application Sept, d’ailleurs si vous avez encore l’application sur votre smartphone, vous retrouvez la vidéo immersive de présentation du précédent volume. Après ce petit aparté technologique, venons-en à la lecture proprement dit. Malgré mon enthousiasme à retrouver le frère Marcas, j’ai pris du temps pour lire cette nouvelle aventure. Entre un un manque de motivation et un planning chargé, j’ai éprouvé des difficultés à rentrer dans l’histoire. Il m’a fallu attendre le premier tiers pour être totalement m’immerger et comprendre les enjeux des récits contemporain et historique. Quel est le rapport avec la start-up de high tech OxO et un récit biblique datant d’avant le Déluge ? Qu’est-ce qu’il se passe à la Cour de de l’Empereur Frédéric II ? Pourquoi en veut-on au jeune templier Hugo de Montfort et à la jeune Rebecca ? Entre Paris et Jérusalem en passant par Tomar au Portugal et l’Éthiopie, voici la promesse de voyage qui est proposé par Eric Giacometti et Jacques Ravenne.

Dans Marcas, on quittait Antoine Marcas, heureux en ménage, prêt à quitter la police et surtout sur la piste de Tristan et Laure Marcas. Au-delà du récit, l’un des enjeux est de connaître le lien qui existe entre les protagonistes du Soleil noir et le flic. Comment va-t-on dévoiler ce lien ? Va-t-on le faire en deux temps ? On peut imaginer que les auteurs lèvent un coin du voile dans le tome 6 des aventures de Tristan et que dans le prochain Antoine, ce dernier part à la recherche de cet étrange parent.

Comme d’habitude, je retiens pour vous quelques points essentiels qu’il vous faudra découvrir au fil de cette lecture.

Ordinateur quantique et bien plus

Après avoir rencontré Léna Cazar, PDG d’OxO, Antoine se voit confier la quête de mettre la main sur le livre d’Hénoch. Le récit du patriarche biblique posséderait la clef pour exploiter un ordinateur quantique. Grosso modo, cette machine utilise les propriétés quantiques de la matières afin d’effectuer des opérations sur des données. À l’inverse d’un ordinateur « classique » qui travaille avec un code binaire (les fameux 0 et 1), l’ordinateur quantique travaille avec des qubits (plus petite unité de stockage quantique). Mis à part cette digression sur cette machine, peut-on dire que les auteurs ont marché sur les plates-bandes de José Rodrigues dos Santos en s’attaquant à cet aspect scientifique ? Bien sûr que non, même si on touche du bout du petit doigt les capacités de ces ordinateurs quantiques qui seront capables de remplacer l’être humain, de prendre des décisions et peut-être de résoudre les problèmes de l’humanité. Le Complexe de Dieu dans toute sa splendeur.

Contexte historique

Dans cette première moitié du 13ème siècle, nous sommes à la Cour de l’Empereur Frédéric II. L’action se situe deux ans après la première excommunication du monarque. Sa position politique au cœur de Jérusalem est délicate et est tiraillé entre les Templiers et leur montée en puissance, autrement dit l’État dans l’État, les Teutoniques et la secte des assassins.

D’un autre côté, nous avons un templier, Hugo de Montfort chargé de conduire un représentant du Sultan en dehors de Jérusalem. Ils sont accompagnés d’une jeune juive érudite nommée Rebecca. Le chrétien, le musulman et la juive seront sur la piste de la légendaire Alamut. Les amateurs de jeux vidéos feront le rapprochement avec Prince of Persia et Assassin’s Creed. La cité forteresse d’Alamut est le repère des assassins. Alamut n’est pas qu’un lieu d’une importance stratégique mais aussi une bibliothèque, un centre d’apprentissage scientifique et religieux dans le monde islamique.

Le contexte historique du roman représente un voyage initiatique pour les protagonistes du passé. Une quête vers un idéal qui n’oublie pas de jouer avec les codes du fantastiques. Si on connaît les auteurs pour la qualité de leur travail, on appréciera les petits détails qui font toute la différence. Attention particulière au personnage d’Uriel.

Contexte contemporain

Face à Antoine Marcas, un groupuscule nommé la Nuée qui possède en son sein des assassins hors pair prêts à tout pourmettre hors d’état de nuire notre héros. Comme dit plus haut, Antoine Marcas se promènera entre Paris et Tomar. La ville portugaise est l’ancien siège de l’Ordre du Temple. Une course-poursuite qui n’est pas sans rappeler celle de Tristan lorsqu’il courait aux alentours de l’abbaye de Montserrat lorsqu’il était agent du SOE. Avec la Nuée, on reparle des Veilleurs, étrange société que nous avions rencontré dans L’Empire du Graal. Il faut bien entendu lire le roman pour comprendre le contexte, mais notons qu’il est rare de retrouver d’anciens antagonistes.

Avec la start-up OxO, comment ne pas penser au groupe Meta de Mark Zuckerberg dont le logo, ce M stylisé ressemble étrangement au symbole de l’infini. Notons que pour la petite touche historique, ce symbole, on le doit à John Wallis et qui se réfère aux choses qui n’ont pas de limite et sans omettre que ce symbole est une variante de l’Ouroboros. Référence à la première de couverture du livre, bien évidemment.

Le voyage en terre lusitanienne est simplement net et efficace. L’effet MacGuffin fonctionne à merveille, car après tout cet effet scénaristique consiste en la récupération du livre d’Hénoch et moins en son utilisation. En surfant sur l’actualité cinématographique du moment, cela m’évoque le cinéma de James Cameron qui consiste à raconter une histoire simple et non simpliste, sans chichis et fioritures mais en plaçant les bases de l’histoire pour développement optimal.

Au bout du compte, les deux époques sont les deux approches d’une quête vers un idéalisme, un monde utopique, un royaume perdu. Chacun recherche cet idéal mais le tout est de savoir comment ne pas basculer d’un système parfait à un imparfait pour ne pas dire dictatorial. Plus haut, je parle de la qualité du travail des auteurs et souvent, on peut détecter qui écrit chaque chapitre même si les auteurs s’échangent les chapitres pour réécriture afin de tromper le lecteur pour savoir qui a écrit tels ou tels chapitres. Peut-être que les plus assidus arriveront à détecter qui a fait quoi. Bref, c’est efficace.

Conclusion

Je regrette presque de ne pas avoir pu me lancer correctement dans cette lecture car c’est après avoir passé la moitié du récit, j’étais totalement absorbé par l’histoire et ses enjeux. Les auteurs nous livrent un récit solide, très instructif avec de nombreuses notes de bas-de-page, ce qui rappelle les glossaires des premiers tomes. Le rythme est fou et fait du bien à lire car on retrouve une dynamique que je trouvais absente depuis un moment. Difficile de gérer un personnage devenu plus important que ses pères d’auteurs et de s’occuper d’une autre saga. Terminons avec Tristan, la porte est grande ouverte pour un final d’anthologie avec le tome 6 qui sera publié en avril 2023, même si je pense que nous aurons la fin de cette histoire dans la prochaine aventure du flic franc-maçon.

Biblio :

GIACOMETTI, Eric. RAVENNE, Jacques. Le royaume perdu. Paris : JC Lattès, 2022. 436 p. ISBN 978-2-7096-6333-5