Signe de vie

Quatrième de couv’ :

Les immenses radiotélescopes de l’institut SETI en Californie viennent de capter un signal inhabituel venu de l’espace sur la fréquence de 1,42 GHz. Un signe de vie.

La Nasa, l’Agence spatiale européenne et la CNSA en Chine préparent une mission internationale pour découvrir qui émet ce signal. En tant que cryptanalyste reconnu dans le monde entier Tomás Noronha est recruté pour faire partie de l’équipe des astronautes qui seront à bord de la navette Atlantis.

Loin de s’imaginer ce qu’ont déjà découvert les scientifiques sur la vie extra-terrestre, il plonge alors au cœur du plus grand mystère de l’univers. Le mystère de la vie.

En quelques mots :

Il a été le roman de mon été. Une brique de 700 pages d’une rare intensité qui vous emmène très loin. Un pavé de la littérature qui se partage entre un récit philosophique et le polar scientifique. J’ai longuement hésité à rédiger une chronique car le contenu n’est ni maçonnique, ni ésotérique et pourtant, vous savez que José Rodrigues dos Santos est l’un de mes auteurs préférés et l’un des tauliers du blog. Si le dernier roman n’est ni ésotérique, ni maçonnique, il aborde plusieurs thématiques intéressantes qui conclue à merveille la trilogie métaphysique voulue par l’auteur. (V. La formule de Dieu et La Clé de Salomon)

Comme d’habitude, lire un roman de l’auteur portugais, c’est l’assurance de passer un très bon moment, de s’en prendre plein les yeux, de vivre une histoire palpitante qui va nous emmener loin … très loin ! Car oui, on voyage loin ! Sans me tromper, c’est même la première fois que je vois l’un des héros de polar voyager aussi loin.

Niveaux de lecture ?

Signe de vie comporte plusieurs niveaux de lecture. Le premier et le plus évident quand on connait l’auteur, c’est un méticuleux travail de recherche documentaire sur des notions de physique, d’astronomie, de biologie, de chimie mais également de philosophie (au sens le plus large du terme). Le second niveau, c’est de prendre les notions évoquées, de le mixer, de vulgariser l’ensemble pour le rendre intelligible et compréhensible pour le lecteur. Le troisième niveau, c’est revoir son héros, l’historien Tomás Noronha dans un thriller qui l’emmènera très loin et de le confronter à un défi périlleux. Le quatrième et dernier niveau de lecture, c’est la compréhension des notions scientifiques et de se faire une idée.

En bref !

En quelques mots, l’humanité capte un signal en provenance de l’espace. Un signe de vie ! La communauté scientifique se presse de lancer une mission internationale pour aller à la rencontre de Phanès, le mystérieux engin extraterrestre en provenance des profondeurs de l’espace. Pour accompagner les astrophysiciens dans l’espace, Tomás Noronha se retrouve embarquer pour cette expédition exceptionnelle.

Le voyage et la préparation de celui-ci sont les moyens choisis par l’auteur pour revenir sur les concepts scientifiques évoqués un peu plus haut. Le tour de force est d’arriver à communiquer sur ces concepts, là où les scientifiques n’arrivent pas à le faire. Il s’agit d’une opération de vulgarisation de grande ampleur. JRDS nous démontre que la Science est la philosophie d’aujourd’hui car il nous permet de découvrir ou mieux, de redécouvrir les lois constantes universelles comme la loi de l’attraction ou la théorie de la relativité.

À travers les pages de ce roman, Tomás et ses collègues scientifiques vont remettre en question les origines de la vie. D’où vient-elle ? Où elle va ? Est-elle le fruit du hasard ou d’une intention ? Bien entendu, on connaît et on pourrait tous citer des romans qui nous ont bouleversés et qui soulèvent de nombreuses questions sur les origines de la vie mais réfléchissez quelques instants … Et si on ajoutait une dimension scientifique qui répond à la plupart de vos questions.

notions scientifiques et bien plus !

Personnellement, j’ai été totalement abasourdi par les notions d’organismes extêmophiles (organismes microscopiques ayant la capacité de vivre lorsque les conditions de vie normales sont mortelles pour la plupart des autres organismes). La confrontation entre téléonomie, téléologie et théologie. En quelques mots simples pour faire simple, il s’agit de comparer les notions de finalité et de finalisme. D’un point de vue philosophique, la finalité désigne quelque chose qui a une fin et là, on parlera de téléonomie. À l’inverse, le concept de finalisme ou de téléologie concerne une étude des causes finales. Cette doctrine est parfois considérée comme étant dépassée par les historiens et les philosophes. Dernier point, de comparaison, c’est d’introduire le concept de théologie.

Est-ce que la vie est le fruit du hasard ? Les conditions à la création de l’univers et à la création de la vie sont tellement précis qu’il est facile pour un certain nombre de gens d’y voir un signe divin. Mais s’il existe un dieu qui a créé la vie et ses lois, ce dieu doit lui aussi répondre aux lois naturelles. Et si la science n’a toujours pas prouvé l’existence d’un barbu flottant dans le ciel écoutant les prières, il est nécessaire d’arrêter d’avoir une vision anthropomorphique de cet « être supérieur ».

La vie est-elle un accident ou est-elle intentionnelle ? Selon l’auteur, la vie et l’intelligence sont des impératifs cosmiques. Si la vie se développe quelque part dans l’univers, l’intelligence se développera également. Alors comment se fait-il que nous, petits êtres humains nous n’ayons pas eu la chance de rencontrer des êtres d’une autre planète ? Je vais vous épargner la leçon d’astronomie mais parmi les 25 milliards d’étoiles similaires à notre soleil, il doit bien avoir une planète ressemblant à la nôtre réunissant les conditions suffisantes pour développer la vie.

Selon moi, je crois en une forme de vie extraterrestre. Je vous sourire avec ce que je viens d’écrire mais je vais m’expliquer. Je crois que la vie existe ailleurs, peut-être pas comme Hollywood nous le décrit avec des petits hommes vert mais plutôt à l’état cellulaire ou à un autre niveau et si la vie a permis la création d’autres êtres, avec des différences technologiques et physiologiques. D’ailleurs, la fin du roman est orienté vers les différences technologiques et physiologiques.

La différence technologique, je la laisse au délire de l’auteur mais la différence physiologique a été la dernière thématique scientifique qui m’a touché. Sans jamais prononcer le terme de transhumanisme, il est facile de faire des parallèles avec cette autre notion. En imaginant une forme de vie ayant atteint un certain niveau d’intelligence cherchant à s’améliorer davantage. Le transhumanisme correspond bien car il s’agit d’un mouvement qui promeut l’amélioration de la race humaine par le biais des technologies et de la science.

Plaisir(s) de lire

Je vous ai déjà expliqué dans d’autres chroniques que je fonctionne aux flashs et qu’il m’arrive de faire des parallèles avec des films ou des séries pour m’imaginer les scènes du roman. Avec Signe de vie, j’ai vu des scènes d’Armageddon, de Gravity, d’Interstellar et d’un épisode de la saison 5 de Stargate SG-1. On le sait que la plume de l’auteur est incisive et lorsque vous serez dans le scaphandre de Tomás, vous risquez d’être partagé entre l’immensité de l’espace et l’angoisse qu’il peut régner à l’intérieur de ce « costume ».

JRDS est-il chauvin ? Si Tomás sauve la Terre et l’humanité, il y a eu pour moi à la toute fin du roman, un moment « what the fuck » où le héros en relation téléphonique avec sa fiancée puis avec le pape … Euh oui … Bien sûr …Je ne vais pas vous expliquer ce qui s’est dit mais j’ai trouvé ça un peu gros.

En conclusion et comme je l’ai dit au début de cette chronique, lire un un roman de l’auteur lusitanien, c’est l’assurance de passer un excellent moment, de voyager loin et dans ce cas,de voyager très loin. Les thématiques abordées sont variées, la réflexion est énorme et le tout pourra vous mener à vous poser beaucoup de réflexions. On sort rarement indemne d’un roman de José Rodrigues dos Santos.

Et après ? Si JRDS achève sa trilogie métaphysique avec ce roman, à quoi devrons-nous nous attendre pour la suite ? Le voyage dans l’espace est un tour de force formidable. Un voyage extraordinaire vers le lointain alors que le message sur la vie se trouve au plus profond de nous. En 2019, à quoi faudra-t-il s’attendre ? Faire plus fort, ça sera une véritable prouesse et s’il faut attendre plus longtemps une nouvelle aventure de Tomás Noronha, il reste à HC éditions, la possibilité de traduire deux autres romans qui sont « Le septième sceau » (O sétimo selo) et « La main du Diable » (O mao do Diablo).

Biblio :

DOS SANTOS, José Rodrigues. Signe de vie. Paris : HC Editions, 2018. 704 p. ISBN 978-2-3572-0374-7