666

Quatrième de couv’ :

Flic expérimenté, Stanislas Diamick a quasiment tout vu au cours de sa carrière. Alors, sa nouvelle scène de crime sur le parvis du Louvre ne l’inquiète pas. Les symboles étranges dont l’assassin a couvert le corps, non plus. Cela l’intrigue, tout au plus. L’absence de tout indice, en revanche, c’est une autre histoire et notre lieutenant s’apprête à passer une très longue et éreintante nuit. Mais quand une seconde victime est retrouvée dès le lendemain place du Palais-Royal avec les mêmes inscriptions, Stanislas commence à craindre d’avoir mis un pied en enfer…

En quelques mots :

Pour cette première chronique de l’année 2024, je vous présente un roman qui est peut-être passé sous les radars que j’avais commencé à lire puis que j’ai abandonné avant de revenir dessus et de lui donner une seconde chance. Comme c’est la première fois que je parle de cet auteur, il est important de faire son portrait.

666 est le second roman de Jérémy Wulc publié chez Pygmalion en 2022. En 2021, l’auteur avait sorti un autre thriller intitulé « Les loups-garous d’Argentine » (que j’avais failli acheter à l’époque). L’auteur est un mélomane assumé du groupe The Cure. En 2009, il publie chez Camion blanc un ouvrage intitulé « The Cure : My dream comes true ». Il s’agit d’un carnet de route sur le groupe lors de ses tournées. En 2018, il publie un premier roman sur le leader du groupe, Robert Smith. Avant d’attaquer le roman, que peut-on dire de plus sur lui ? Véritable touche-à-tout, il s’est illustré au théâtre, au cinéma et à la télévision en tant que scénariste, metteur en scène et comédien et si vous avez grandi dans les années 90, il a été l’un des protagonistes d’une série AB Productions, « La philo selon Philippe ».

Comme dit ci-dessus, le roman a été publié en 2022 chez Pygmalion en grand format et connaît une seconde vie en livre de poche chez Harper Collins en 2023. Restons sur ces deux formats. Chez Pygmalion, le grand format se revêt d’une jolie teinte bleu canard et de jaune pour le titre et le nom de l’auteur pour dire de trancher. Une photo du Louvre en négatif avec cette nuance de bleu et au-delà du titre, ce qui attire l’œil, c’est ce pentacle sur la pointe. Le chiffre de la bête et cette étoile à cinq branches, on sait vers quoi nous allons. Puis, il y a couverture du format poche qui est un peu plus « racoleuse », plus roman de gare qui attire d’autant mieux l’œil quand on est dans un Press shop et qu’on se tâte entre une revue, un livre et une barre chocolatée. On garde le Louvre sous un autre angle, le pentacle, au diable le bleu et on part sur du rouge avec effet néon. Pour en rajouter une couche, on y ajoute une équerre et un compas qui s’emboîte autour de l’étoile.

Sur Babelio, la page de l’auteur se dit fan des romans de Giacometti & Ravenne, de Steve Berry et de Dan Brown. Il faut dire que ces auteurs sont le fonds de commerce du blog, donc il est normal que Jérémy Wulc trouve sa place ici et tant que j’y suis et si l’auteur lit cette chronique, sur votre page Babelio, dans la description, le nom Ravenne, c’est avec 2 N et un 1 E. Fermons la paranthèse.

On ne va pas se mentir, 666 est un ersatz des aventures d’Antoine Marcas déjà à la lecture de la quatrième de couverture et puis du roman en lui-même. Sans se mouiller et pourtant, l’ouvrage est documenté, l’auteur va permettre au lecteur de faire le tour du Paris mystérieux, du Paris de l’occulte et du satanisme mais aussi du Paris maçonnique. On est sur des clichés assumés du thriller ésotérique et 666 nous fait la joie de mixer la franc-maçonnerie et le satanisme. On est sur du très gros cliché, on tire les grosses ficelles pour ne pas dire les cordages !

On sent que l’auteur est une jeune romancier même s’il a l’habitude d’écrire pour la télévision, le cinéma ou le théâtre. Son roman est très scénarisé et pourrait servir de matériau de base pour une bande dessinée ou pour faire un téléfilm comme la série des « Meurtres à … ». Écrire un roman est un autre exercice même si celui-ci est plutôt généreux. Voyons ce qui va et ce qui ne va pas. Le principal avantage, c’est la manière dont il décrit le cadre, les situations et les réactions de chaque personnages. Cela permet une bonne immersion, ce qui est important. Concernant les protagonistes, nous avons au centre de l’intrigue, un policier, un lieutenant de police et chose rare, il n’est pas franc-maçon. Stanislas Diamick, notre héros, est borné, véritable pittbull devant la criminalité, il frise parfois la caricature. Policier débordé en instance de divorce, le héros ne se réfugie pas dans l’alcool mais plutôt dans le fast-food, le soda et autres cochonneries. Il est secondé par son ami et collègue Khalid Harouche et une nouvelle recrue Justine Liemans.

Au cours du mois de mai 2021, des corps sont découverts au pied des monuments parisiens comme au Louvre, dans la cour d’honneur du Palais-royal où on retrouve les colonnes de Buren, au monument des Droits de l’homme, etc. Mais qu’est-ce que tous ces crimes ont en commun ? La réponse est simple, des entailles avec des symboles ésotériques comme des équerres et des compas et le nombre 666. Il n’en faut pas de plus pour que les policiers enquêtent sur les francs-maçons et sur le satanisme. Le mariage contre-nature des francs-maçons et des adorateurs de Satan, le grand classique qui ravit tous les amateurs du roman de gare et/ou les complotistes bas de plafond.

Le parallèle avec les Giacometti & Ravenne et Dan Brown est une évidence avec ce premier meurtre au Louvre et la plongée dans le monde ésotérique est assez particulière. On pourrait s’attendre que ce soit le héros qui soit entièrement immergé et qu’il soit perdu face au symbolisme que requiert la franc-maçonnerie ou même le satanisme. Je trouve que l’auteur fait de son héros quelqu’un qui reste distant voire hermétique face à ce sujet, comme si ce n’était pas concret. Il touche du doigt mais n’ose pas et il envoie la recrue de ce trio de policiers en la plongeant dans le bain des adorateurs de Satan. Quitte à sacrifier quelqu’un autant envoyer la jeune femme. Ironie.

Autre détail amusant dans la trame, c’est l’utilisation des lettres F et M et si la plupart d’entre-nous se diront que ces lettres sont l’abréviation de franc-maçonnerie et auront raison, mais l’auteur est retord en faisant des références à François Mitterrand. On sait que l’ancien Président français a été un amateur d’ésotérisme et chercheur de spiritualité. Le grand public sait qu’il était demandeur en matière d’astrologie et a été conseillé régulièrement par l’astrologue Elizabeth Teissier dès le début de son second mandat en 1989. On peut ajouter un autre détail, la création d’une secte, dont le nom existe réellement, qui s’appelle la Fraternité Mondiale sans aucun rapport avec le livre. Le rôle des lettres F et M est un peu alambiqué et si ça part bien, on arrive sur un sac de nœuds où on se demande comment Jérémy Wulc par l’intermédiaire de ses héros va démêler tout ça. Je pense avoir suffisamment spoilé le roman comme cela.

Finalement, la lecture est sympathique. Ce n’est pas le roman de l’année mais cette enquête sur fond de mystères et de complotisme est généreuse. Peut-être un peu trop ce qui apporte quelques lourdeurs. C’est un peu comme dessert déjà très sucré sur lequel vous ajoutez de la chantilly en espérant que ça ne va masquer le goût prononcé du sucre. Ben non, ça ne fonctionne pas comme ça. Le roman aurait gagné en fluidité si il n’y avait pas eu les satanistes et si on avait impliqué un peu plus cette fameuse Fraternité Mondiale et les ramifications qu’elle peut avoir jusqu’au sommet de l’État. Une telle idée peut laisser la place à un éventuel tome 2 et cela vaut ce que ça vaut. Par contre, je ne serais pas contre d’aller à la découverte de son précédent roman en tant que lecture de vacances tout en me refaisant l’anthologie de The Cure.

Biblio :

WULC, Jérémy. 666. Paris : Pygmalion, 2022. 371 p. ISBN 978-2-0802-7015-3

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