Les étoiles d’Orion

Quatrième de couv’ :

En 1095, en Bourgogne, à la veille de la première croisade, l’Occident chrétien est porté par une vague de foi sans précédent. Joachim de Saint Ange est un jeune moine copiste du prieuré de Beaulieu dépendant de la puissante abbaye de Cluny.

Alors qu’il rêve de parcourir le monde et d’accompagner son maître Odon à la recherche de manuscrits anciens, ses origines nobles le destinent – contre sa volonté – à une carrière ecclésiastique au service du pape Urbain II.

De la plus grande abbaye du monde chrétien aux sordides geôles de Mâcon, pris en étau entre son amour pour la fille d’un seigneur et l’opération armée la plus importante de son temps, Joachim va tenter d’échapper à sa destinée. Y parviendra-t-il ?

En quelques mots :

Sorti en septembre 2019 et envoyé récemment par son auteur, Brice Nadin, voici une jolie surprise qui vient d’agrémenter mon été. Un premier roman, publié à compte d’auteur par la plateforme Librinova. Avant de parler du livre, je vous propose d’aller à la rencontre de l’auteur. Brice Nadin, né en 1967 est consultant en nouvelles technologies et est passionné par l’histoire médiévale. Les étoiles d’Orion est son premier roman.

Un premier roman d’une bonne facture qui nous renvoie à la fin du 11ème siècle avec comme toile de fond l’abbaye de Cluny. Alors s’agit-il d’un énième roman moyenâgeux ? Oui, nous sommes bien au Moyen-âge et le vrai tour de force de l’auteur est de nous fournir une histoire où se mêle le quotidien d’une abbaye, son fonctionnement, ses règles, une quête initiatique et le soupçon d’ésotérisme qu’il faut, agrémenté d’un chouia de fantastique.

Direction l’abbaye de Cluny au 11ème siècle et ses environs. Si la première approche est de se dire qu’il s’agit d’un énième roman moyenâgeux, voire d’un ersatz ou d’un héritier du Nom de la Rose. On ne va pas comparer l’œuvre du « il Professore » avec Les étoiles d’Orion, mais Brice Nadin a mis les moyens avec un récit où toutes les descriptions sont très bien menées pour une immersion totale. Tant qu’à faire un comparatif, faisons un crochet par la bande dessinée avec La conjuration de Cluny où Didier Alcante et Luca Malisan mettent en scène ladite abbaye et un certain Godefroid de Bouillon …

Environnement, lieux, personnes, activités et notes en bas de page pour permettre de contextualiser. C’est un premier roman et on sent que l’auteur avant d’être un écrivain a d’abord été un lecteur assidu et n’a pas envie de prendre son lectorat pour un imbécile. Si c’était le cas, les mordus de lecture et autres passionnés d’histoire l’auraient remarqué.

On retrouve plusieurs arcs narratifs qui s’emboîtent les uns aux autres. Un peu comme les actes d’une pièce de théâtre. Alors qu’est-ce que ça raconte ? Entre Cluny et Beaulieu, on suit les aventures d’un certain Joachim de Saint-Ange, un jeune homme de 17 ans issu d’une famille noble du sud de la France. Devenir moine quand on rêve d’aventures et de grandes épopées surtout quand on est à quelques semaines de la Croisade menée par Godefroid de Bouillon, c’est en quelque sorte vivre dans une prison. Autour de lui, son maître, Odon, l’emmène à travers le pays pour récupérer d’anciens manuscrits et puis, il y a une certaine Alix de Saint-Germain. Après avoir perdu son père, le voici obligé de prendre la direction de la Bourgogne et de l’abbaye de Cluny.

En tant que futur moine copiste, on se rend compte que Joachim va avoir accès à un savoir incommensurable. Théologie, science, art, médecine, astronomie … On revoit très bien la scène du scriptorium du Nom de la Rose de Jean-Jacques Annaud. D’ailleurs, il est assez difficile de ne pas avoir de flashs du film et le jeune ChristianSlater personnifie très bien Joachim. Mais le monde n’est pas tendre et Odon l’a bien compris. Moine copiste à l’intelligence redoutable, il forme son apprenti et le prévient que les réalités du monde monastiques ne sont pas des plus flatteuses. Trahison, manipulations, cupidité et questionnement sur la foi. Des questions et des affrontements qu’il faut arriver à mener alors que l’appel à la Croisade gronde au loin et qu’on travaille pour le pape Urbain II … Les moines de Cluny ne sont pas aussi manichéens que l’on peut croire !

Un autre personnage que l’on retient, c’est la belle Alix de Saint-Germain. Sa relation avec Joachim est plutôt ambigüe et étrangement, elle reçoit un traitement assez moderne pour une femme du Moyen-âge. Fille d’un seigneur local, on se prend d’affection pour elle et c’est là qu’on se dit que ce personnage est celui avec lequel on interagit le mieux même si on se prend d’amitié pour Joachim, Odon et d’autres protagonistes.

Voilà, inutile de tout décrire. Il faut en garder sous le pied et susciter l’envie de lire !

Si au niveau du récit, c’est plus que bien ficelé, tout n’est pas parfait. Le style est bon, les descriptions rendent l’immersion totale et la petite touche de fantastique n’est pas spécialement dérangeante. Le point noir, parce qu’il faut en trouver un, c’est la gestion de la dynamique. Attention, c’est du chipotage et il faut bien trouver quelque chose à dire. Est-il nécessaire de rappeler que nous sommes dans un premier roman ? Il faut tout de même passer le cap des 160, 180 pages pour avoir plus d’action et comprendre tous les enjeux. Quitte à construire un récit avec plusieurs petits arcs narratifs, il faut jouer avec l’un ou l’autre cliffhanger. Tient à moi de me rappeler que ceci est un roman historique et non, un thriller et que le rythme est totalement différent. Quand je le dis que je cherche la petite bête.

Merci à Brice Nadin pour m’avoir permis de découvrir son roman qui n’a rien à envier aux maîtres du genre et j’espère pour lui qu’il trouvera une maison d’édition capable de le publier à une plus grande échelle.